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La Fluoxétine


La fluoxétine, plus connu sous le nom de Prozac®, est le médicament le plus prescrit au monde pour le traitement de la dépression. Le succès de la fluoxétine est du au fait qu’elle soit aussi puissante que les tricycliques, mais présente moins d’effets secondaires et d’intolérances dus à son profil sélectif.

  • Découverte

La fluoxétine a été découvert en 1986 par le laboratoire pharmaceutique Eli Lilly and Company. Il fut commercialisé sous le nom de Prozac® en 1986 aux Etats-unis et deux ans plus tard en France.



  • Demi-vie et métabolite

Le foie métabolise la fluoxétine en norfluoxétine, son métabolite actif qui est également un inhibiteur sélectif de la sérotonine et dont la demi-vie est encore plus longue.

La demi-vie d'élimination de la fluoxétine est de 4 à 6 jours et celle de la norfluoxétine est de 4 à 16 jours. Ces longues demi-vies entraînent une persistance du produit dans l'organisme pendant 5 à 6 semaines après l'arrêt du traitement. Certains scientifiques considèrent que ces longues demi-vies est liée à son efficacité thérapeutique mais aucune preuve n'a été démontrée.









  • Sélectivité

La fluoxétine est un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine. Il augmente la concentration de sérotonine dans plusieurs zones du cerveau sans affecter les autres neurotransmetteurs.

1. Fixation aux transporteurs pré-synaptiques

In vitro




Les analyses de liaison in vitro ont montré que la fluoxétine possède une forte affinité pour les transporteurs SERT impliqués dans la recapture de la sérotonine. Elle possède donc une action antagoniste* car elle empêche la sérotonine de se fixer à ces transporteurs et donc à être recapturé par le neurone pré-synaptique. En outre, elle possède une faible affinité pour les transporteurs impliqués dans la recapture des autres monoamines.


Ce tableau montre qu'une faible concentration de fluoxétine (5,2 x 10-8 M) est nécessaire pour inhiber les transporteurs SERT alors qu'une concentration beaucoup plus importante (1 à 1,5 x 10-5 M) est nécessaire à l'inhibition des transporteurs à noradrénaline et dopamine.


In vivo

Les études in vivo montrent que l’administration de fluoxétine induit une réduction de 57% de la recapture de la sérotonine par rapport aux tests contrôles, mais n’affecte pas la recapture de la noradrenaline ou de la dopamine.

2. Fixation aux récepteurs

In vitro


D'autres analyses de liaison in vitro montrent que la fluoxétine possède une faible affinité pour les récepteurs 5-HT1 et également pour les récepteurs à dopamine et adrénergiques. L'absence d'inhibition pour les récepteurs 5-HT permet donc la propagation de l'influx nerveux dans le neurone post-synaptique.

Les TCA (antidépresseurs tricycliques) présentent quant à eux une plus grande affinité pour certaines récepteurs de monoamines, ce qui leur confèrent de nombreux effets secondaires.



  • Mode d’action

Le Prozac présente un double mode d’action pour augmenter la quantité de sérotonine dans le cerveau, mais un même intermédiaire : le microARN* miR-16.

1. Inhibition de la recapture de la sérotonine


Comme nous l'avons montré dans les études précédentes, la fluoxétine inhibe la recapture de sérotonine en se fixant sur les transporteurs SERT pré-synaptiques. La sérotonine reste donc plus longtemps dans la fente synaptique, ce qui augmente l’activation des récepteurs 5-HT.


L’utilisation d’outiles bioinformatiques a montré que ce miR-16 possède une séquence complémentaire à l’ARNm de SERT et inhibe la traduction des protéines SERT.

L'action de la fluoxétine sur miR-16 a été démontrée sur deux souris servant de modèles de dépression. Les tests réalisés sont : le test de la nage forcée (FST) et le stress chronique léger (UCMS). Les souris souris exposées pendant 6 semaines à un stress chronique léger présentent les symptômes suivants, assimilés à un état dépressif : perte de poids, préférence pour les aliments sucrés et hyperactivité. Le traitemement au Prozac permet de diminuer ces symptômes. En effet, en augmentant la maturation du micro ARN miR-16 grâce à son précurseur pré/pri-miR-16, la fluoxétine provoque l'augmentation de la quantité de miR-16 dans les cellules sérotonergiques (qui synthétisent la sérotonine). La traduction de ces protéines est inhiber par miR-16, ce qui induit une diminution de la quantité de transporteurs SERT au niveau des synapses.

2. Augmentation de la production de la sérotonine


Sous l’action de la fluoxétine, les cellules sérotonergiques du cerveau des souris produisent une molécule signal appelée S100β qui est transmise aux cellules noradrénergiques (qui synthétisent la noradrénaline). Ce signal diminue la quantité de miR-16 dans ces neurones, ce qui provoque l’activation des fonctions sérotonergiques de la cellule. Les cellules noradrénergiques deviennent alors progressivement mixtes, c'est-à dire qu’elles peuvent synthétiser à la fois de la noradrénaline et de la sérotonine.


Le prozac a donc deux modes d’action complémentaires : non seulement il augmente la quantité de sérotonine au niveau des synapses, en inhibant sa recapture, mais il augmente également la quantité totale de cellules pouvant synthétiser la sérotonine dans le cerveau.
  • Etudes précliniques
De nombreuses études précliniques* ont démontré les effets antidépresseurs du Prozac sur des modèles animaux de dépression :
  • Test de la nage forcée (FST)
  • Stress chronique léger (CMS)
  • Impuissante acquise (LH)

Les test suivants ont été réalisés sur des souris et des rats mis en condition de stress.

1. Test de la nage forcée



Lors de ce test, l’immobilité de l’animal est considéré comme un comportement de désespoir, qui est un comportement dépressif habituel. La prise de fluoxétine réduit l’immobilité de l’animal et par conséquent son « état dépressif ». 
ce test a été effectué sur des rats Sprague Dawley et des souris BALB/c. On peut remarquer que selon la souche utilisée, les résultats obtenus présentent des variations, l’effet antidépresseur de la fluoxétine dans le FST semble donc être dépendant de la souche animale. Cela peut s'expliquer par la diversité du patrimoine génétique de chaque individu. L’identification des gènes résistants aux traitements de la fluoxétine permet donc de comprendre la pathophysiologie* de la dépression.

2. Stress chronique léger

Lorsque des rats sont soumises a une stress chronique léger, leur comportement est assimilé à une perte de capacité à ressentir à des émotions positives, qui est un trouble dépressif fréquent. Ce trouble est rétablie lorqu'ils sont traités à long terme avec la fluoxétine.

3. Bulbectomie olfactive



La bulbectomie olfactive chez les rats induit des changements comportementaux et neurochimiques en lien avec la dépression, tels la capacité motrice, les troubles cognitifs et les dysfonctionnements noradrénergiques et sérotoninergiques. Le traitement à la fluoxétine rétablit ces troubles.



Conclusion (Lien entre sérotonine et dépression) :



Dans le système nerveux central, la sérotonine agit sur divers neurones (à noradrénaline, à dopamine, à GABA etc…) de telle sorte la perturbation des neurones sérotoninergiques entraîne la modification de nombreux réseaux neuroniques et altèrent les nombreuses fonctions qu’ils contrôlent (sommeil, prise alimentaire, etc…)

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